SÉRIE | Prêts aux musées, printemps-été 2023
La programmation des musées du printemps-été 2023 nous donne l’occasion de mettre en lumière quelques œuvres prêtées par l’intermédiaire de notre galerie.
Nous vous encourageons à visiter ces expositions, à l’occasion d’un week-end ou des prochaines vacances !

L’exposition
« George Grosz
The Stick Men »
Cette exposition est présentée par le Grosz Museum de Berlin.
George Grosz a créé sa dernière grande série de peintures et d’aquarelles, les « Stick Men », à partir du milieu des années 1940, en réaction aux nouvelles dévastatrices de l’Holocauste et des autres atrocités de la Seconde Guerre mondiale.
Le déploiement de bombes atomiques à la fin de la guerre et la menace d’une troisième guerre mondiale ont renforcé sa vision pessimiste de l’avenir de l’humanité.
Il présente ses « Stickmen » comme des êtres déshumanisés et faméliques errant sans but dans un monde post-apocalyptique contaminé.
Cette série Stick Men est l’aboutissement des convictions politiques et artistiques de toute une vie de lutte.
Parmi les œuvres prêtées par notre intermédiaire pour cette exposition :

George GROSZ (1893-1959)
Der Traum des Bügers
C.1924
Encre
65 x 52,3 cm
Collection particulière
Œuvre vendue par notre galerie lors du Salon du dessin 2022
George Grosz, un artiste engagé
Né à Berlin en 1893, Georg Gross, grandit dans la région de Danzig. À la mort de son père, l’adolescent développe un vif goût du dessin et rêve de devenir caricaturiste pour des journaux et magazines à succès. Son nom de famille étant très courant en Allemagne, il le change, dès ses 13 ans, en « Grosz », dans un souci de distinction.
Radié du lycée après avoir retourné une gifle donnée par un professeur, il parvient à étudier à l’académie des Arts de Dresde. Le conservatisme de l’institution l’ennuie et il part en 1912 étudier à Berlin, à l’école du Musée des arts décoratifs.
George Grosz en 1930
L’art contre la guerre
Atteint d’une grave sinusite en 1915, sur le front de l’ouest, il revient à Berlin. Alors qu’il doit repartir combattre en 1917, il fait une dépression nerveuse après laquelle les médecins le déclarent inapte. Le jeune homme rejette ce conflit et tient l’organisation de la société allemande pour responsable – il intitule une œuvre de 1917 « La laideur des Allemands ». Pour renier sa germanité, il change alors son prénom en George.
Comme on l’apprend dans l’exposition permanente, après la guerre et dans le bouillonnement politique et social des années 1918-1920, il devient l’un des agitateurs Dada les plus zélés d’Allemagne.
Membre du parti communiste, il prendra ses distances avec le KPD après un séjour de trois mois en URSS en 1922, au cours duquel il rencontre Lénine et découvre les réalités du communisme soviétique. Désormais, son engagement passera par l’art.
Une figure majeure de la Nouvelle Objectivité
Grosz a connu un grand succès populaire en multipliant les satires des riches bourgeois qui ont su tirer leur épingle du jeu de la guerre et de l’hyperinflation.
Il a mis en garde très tôt contre les idées d’Hitler et a émigré aux Etats-Unis deux semaines avant l’arrivée du dictateur au pouvoir. Son art a ensuite été déclaré « dégénéré ».
Grosz Museum :
un jeune musée atypique
Le « Das Kleine Grosz Museum » a ouvert ses portes en mai 2022 dans une ancienne station-service des années 50 pour honorer l’artiste George Grosz (1893-1959). Le musée propose des expositions temporaires semestrielles et une salle permanente résumant le parcours de l’artiste.
Le musée George Grosz à Berlin
À l’inauguration du nouveau musée, Klaus Lederer, en charge de la culture à la Mairie de Berlin a souligné l’actualité de l’œuvre de George Grosz, dans un temps de retour de l’inflation et de la guerre aux portes de l’Europe.
Ce musée éphémère, annoncé pour 5 ans, a prévu une programmation de dix expositions temporaires – 2 par an – qui mettra l’accent sur des aspects méconnus de la carrière de Grosz, notamment sa période d’exil américain.
Pour aller plus loin
Vidéo : Les secrets du tableau « Metropolis » de George Grosz
Non, « Métropolis » ne fait pas partie de l’exposition « The Stick Men ». Ce tableau est conservé au au musée Thyssen-Bornemisza de Madrid.
Cependant, si vous ne connaissez pas George Grosz et son œuvre, cette vidéo du blog « Culturez-vous », par Antoine Vitek sera une première approche, rapide (1 minute) et instructive !
Ce tableau donne une vision de Berlin pendant la première guerre mondiale.
Si vous préférez lire l’article associé sur le site de Culturez-vous, c’est par ici.
Podcast : George Grosz, le trait en guerre
Un documentaire du podcast « Toute une vie », sur France Culture, publié le 28 février 2015.
Durée : 58 mn
Dans cette émission, George Grosz raconte lui-même certains des épisodes de sa vie, à travers des archives de la radio allemande (Radio Bremen).
Marty Grosz, son fils, guitariste et homme de scène aux Etats-Unis, éclaire certains épisodes, notamment sa vie américaine.
Ana Fonell, comédienne et petite-nièce de George Grosz, partage depuis Berlin ses interprétations des textes de l’artiste.
Deux dessinateurs, Willem (Charlie Hebdo, Libération…) et Muzo partagent leur intérêt pour Grosz, figure importante dans leur parcours.
Catherine Wermester, historienne de l’art, spécialiste de Grosz, et Marc Dachy, historien du dadaïsme, donnent les repères.
Informations pratiques
George Grosz : The Stick Men
24 Mai-Octobre 2023
Grosz Museum
Bülowstraße 18, 10783 Berlin
www.daskleinegroszmuseum.berlin
Prêts aux musées, printemps-été 2023
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