L’œil de la Présidence : Les sculptures de Derain

Les sculptures de Derain


Pour ce premier numéro de « L’œil de la Présidence », je suis heureuse de vous présenter les sculptures de Derain que vous pourrez découvrir à la galerie.

Florence Chibret-Plaussu

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On connait le Derain fauve, ami de Vlaminck et Matisse, le Derain cubiste, ami de Braque et Picasso. Moins Derain sculpteur.
Cette facette de son œuvre est restée longtemps confidentielle.

Ouvert à toutes les cultures et curieux d’expériences nouvelles, André Derain a sculpté dans les matériaux les plus divers : bois, pierre, plâtre, métal et terre cuite, technique de loin la plus utilisée.

 

On peut distinguer trois périodes différentes dans la sculpture de Derain :

Tout d’abord la taille directe, de 1907 à 1912, période où Derain taille principalement le bois et la pierre. La plupart de ses sculptures sont aujourd’hui dans des musées.

La sculpture en pierre s’oppose à la sculpture en rond-de-bosse traditionnelle.

C’est particulièrement intéressant : Derain n’essaie pas de faire disparaître les traces du burin et du marteau, il laisse volontairement des parties inachevées pour souligner l’aspect primitif de la sculpture.

L’exemple le plus spectaculaire de cette époque est la « Figure accroupie » de 1907 du musée de Vienne, actuellement présentée au musée Pompidou dans le cadre de l’exposition des cubistes. Ce thème de la « Figure accroupie » influencera particulièrement Brancusi.

La deuxième période occupe la première guerre mondiale, où Derain assemble et martèle des masques dans des douilles d’obus. A la fin de la première guerre mondiale, il travaille également sur des feuilles de cuivre. Ces dernières marqueront précisément Picasso.

La troisième grande période de sculpture commence en 1938.
Près de sa maison à Chambourcy, dans les Yvelines, sous un sapin déraciné par l’orage, Derain découvre un gisement d’argile, propice au modelage. Il entreprend une série de têtes, masques, et figurines. Il fait installer plusieurs fours et surveille lui-même la cuisson.

En 1953, Giacometti écrit :

 » Derain est le peintre qui me passionne le plus, qui m’a le plus apporté, le plus appris depuis Cézanne. Il est pour moi le plus audacieux. »

 

Et en 1959, sur la suggestion de Giacometti qui veut faire connaître Derain sculpteur, la veuve du peintre, Alice Derain, fait couler, en bronze, 74 de ses terres cuites.

Aujourd’hui, le musée d’Art moderne de Troyes, avec la donation Pierre et Denise Levy, possède la série complète des tirages en bronze, ainsi que le Petit Palais de Genève.

 

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